APPEL À CONTRIBUTIONS

À côté de Stanislavski et de Meyerhold : les protagonistes « de l’ombre ».

Pour une autre histoire du théâtre russe

 

En raison du contexte de pandémie, le colloque international À côté de Stanislavski et de Meyerhold : les protagonistes « de l’ombre ». Pour une autre histoire du théâtre russe ne pourra se tenir comme prévu à Bordeaux les 18, 19 et 20 novembre 2020.

Les propositions de communication (en français, italien ou anglais) sont à envoyer avant le 30 avril 2021 à l’adresse du comité d’organisation <mladamsha@gmail.com> accompagnées d’un résumé dans la langue de l’article et en anglais de 1 000 signes maximum et d’une courte biographie.

Les propositions seront validées par la rédaction après avis du comité scientifique international et les réponses notifiées avant le 15 juillet 2021.

Les textes complets des articles en français ou en italien ou en anglais seront à adresser à la rédaction avant le 31 octobre 2021.

En fonction de l’évolution de la situation, les auteurs et autrices des contributions retenues seront invité.e.s à participer à une journée d’étude/présentation afin de débattre des différents sujets abordés dans le numéro de la revue.

Ce numéro s’inscrit dans le cadre de l’équipe « Mémoires plurielles du monde russe et est-européen » de l’université Bordeaux Montaigne.

Elle fait partie du programme The « États Généraux » of the Performing Arts de l’université de Rome « Tor Vergata » (sous la direction de Donatella Gavrilovich).

URL : http://opendataspa.uniroma2.it/project/

 

 

Arti delle spettacolo/Performing arts

 Numéro spécial coordonné par Donatella Gavrilovich, université de Rome « Tor Vergata » et Pascale Melani, université Bordeaux Montaigne

 

 

Argumentaire

Le rôle des artistes russes dans le processus général de renouveau de la scénographie à la charnière du XIXe et du XXe siècles ainsi que dans celui de l’avènement de la figure centrale du metteur en scène est un thème qui a été étudié en Occident. Toutefois, jusqu’à présent, l’attention des érudits occidentaux s’est focalisée sur les phénomènes les plus saillants et sur d’éminentes personnalités, comme Stanislavski ou Meyerhold, dont l’activité et les écrits théoriques ont été traduits dans les principales langues de communication. De cette manière s’est constituée une histoire du théâtre russe qui attribue à ces maîtres de la mise en scène le rôle de « démiurges » réformateurs, incarnations hégéliennes de « l’esprit du siècle », laissant dans l’ombre des personnalités non moins intéressantes, leurs compagnons ou leurs maîtres, qui ont accompagné ou initié ce travail de réforme de la mise en scène théâtrale.

Le régime soviétique a d’ailleurs grandement contribué à la création de ce modèle mythologisé du « réalisateur héros » ou du « réalisateur victime ». L’adoration crée l’isolement de la personne qui, déracinée de son contexte, acquiert des traits transcendants et peut être placée, comme les saints de l’art byzantin ancien, dans une dimension métaphysique, exaltée et vénérée à la fois. Si Stanislavski a été enveloppé dans le linceul du naturalisme, un tout autre destin s’est abattu sur Meyerhold, victime des Grandes Purges, dont la mémoire s’est perpétuée dans les figures contradictoires de l’artiste dégénéré ou de l’artiste maudit, ignoré ou vilipendé par les uns, victimisé et  encensé par les autres.

L’autre obstacle à la compréhension objective des différentes formes d’expérimentation théâtrale qu’a connues la Russie entre les XIXe et XXe siècles réside dans la « médiation » qui en a été opérée par certains protagonistes ayant connu le succès et la reconnaissance en Europe, comme Diaghilev, Benois ou Sergueï Volkonski. C’est à travers le voile filtrant de leurs déclarations, de leurs articles, de leurs interviews ou mémoires que cette réalité a été transmise en Occident. Ces acteurs émigrés de la scène russe sont toujours considérés comme les principaux architectes de la réforme de la scène musicale, de la danse théâtrale et de l’émergence du spectacle « total » fondé sur la synthèse des arts. En fait, ils ont seulement « oublié » de diffuser à l’étranger les noms des initiateurs et des artisans de ce mouvement de réforme, récoltant ainsi les fruits d’une recherche de vingt ans et créant de faux mythes, tel que celui de la prétendue « révolution » des Ballets russes. Leurs écrits et leurs déclarations n’ont cessé d’exercer leur emprise sur les chercheurs européens, leur léguant préjugés idéologiques, mythes culturels et approches méthodologiques d’un autre âge.

Le colloque À côté de Stanislavski et de Meyerhold: les protagonistes « de l’ombre ». Pour une autre histoire du théâtre russe se propose de réfléchir sur l’héritage de la scène russe qui s’est transmis en Occident, à la fois par l’intermédiaire des artistes eux-mêmes et à travers l’historiographie qui s’est constituée au XXe siècle. On s’interrogera, notamment, sur un paradoxe historiographique persistant – la distorsion entre le foisonnement des expériences scéniques qui ont eu lieu en Russie à la charnière des XIXe et XXe siècle, et la vision très limitée qu’en donnent la majorité des érudits occidentaux.

Cette réflexion vise à initier une rupture théorique dans la compréhension de la scène russe, en dépassant le paradigme de l’« avènement » des grands metteurs en scène et de la « révolution » du spectacle théâtral et en mettant en lumière des personnalités et phénomènes restés jusque là dans l’ombre des figures les plus prestigieuses. On s’intéressera notamment aux protagonistes oubliés, qui furent pourtant des acteurs essentiels de ce large mouvement de redéfinition des différentes formes du spectacle vivant : leurs recherches et expérimentations préfigurent des innovations qui deviendront manifestes au début du XXe siècle. L’étude inclura le théâtre musical, pourra s’élargir aux formes mineures, aux théâtres périphériques, suburbains, provinciaux ou nationaux.

Dans un second volet, la réflexion pourra également envisager la façon dont le legs des différents maîtres de la scène a été transmis/interprété/déformé à l’étranger et sur la dissémination de l’expérience théâtrale russe dans le monde après 1917. Dans une perspective d’histoire sociale, pourront être étudiées les modalités de l’insertion de ces artistes dans les milieux théâtraux de leur pays d’adoption, et parallèlement la question de leur intégration réussie ou manquée dans des traditions théâtrales différentes.

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Comité scientifique :

Sandrine Dubouilh, Université Bordeaux Montaigne

Donatella Gavrilovich, Università degli Studi Roma « Tor Vergata »

Pierre Katuszewski, Université Bordeaux Montaigne

Ada Kolganova, Bibliothèque nationale des arts, Moscou

Olga Kouptsova, Institut national des arts, Moscou

Pascale Melani, Université Bordeaux Montaigne

Dmitri Rodionov, Musée central du théâtre Alexis Bakhrouchine

 

 

Contact :

Pascale Melani, UFR des Langues et civilisations, Université Bordeaux Montaigne, Domaine universitaire, 33607 PESSAC Cedex. <pascale.melani@u-bordeaux-montaigne.fr>